Trouver son verbe “n’est pas un but à atteindre. Ce n’est pas un objectif qu’on se donne. C’est quelque chose en soi qu’on déplie, un geste-au-monde, une manière de se positionner”. Par Sarah Roubato.
J’ai parcouru bien des contrées, et j’ai rencontré bien des gens, pauvres et riches, vivant en plein cœur des villes ou dans les campagnes perdues.
Partout, j’ai vu des gens qui n’avaient pas le temps de s’aimer. C’est-à-dire de se regarder, d’exister dans leur complétude, et de donner de manière saine, en étant soi-même déjà rempli.
Elle sème l’Amour en racontant le monde
Moi, ma manière d’aimer, c’est de raconter le monde. Les mots ne sont pas ce que je voulais devenir quand j’étais petite, c’est ma manière de respirer.
Je raconte les possibles qui dorment au seuil de nos vies, les potentiels inactifs qui restent là et qu’on ignore.
Alors quand j’ai rencontré des adolescents, que j’ai vu l’étroitesse de leur vision et de ce qu’on leur demande de faire, j’ai ressenti de la colère et de la frustration. Et je savais que quelque chose allait en sortir.
On écrit toujours pour réparer le réel.
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Une lettre à tous ceux qui se cherchent, pour ne plus résumer sa vie à un métier
J’étais alors perchée au dernier étage d’une ferme de la Flandre française, j’avais trouvé mon nid, avec une adresse qui ne s’invente pas : rue du Coin-Muet. Dernière ferme du chemin, juste avant le canal où j’allais me promener tous les jours.
Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours atterri dans les maisons au bout des sentiers, au fond des impasses, ou tout en haut des collines.
C’est là qu’est née la lettre « Trouve le verbe de ta vie ». Au départ une lettre à un adolescent fictif, qui a finalement parlé à tellement de personnes différentes, que voilà que je le réédite, cinq ans plus tard.
« Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? Pour la personne qui te la pose, cette question ne se réduit qu’à une chose : ton métier. Moi, j’aurais une autre question à te poser : Quel est le verbe de ta vie ? Pas le métier, non, le verbe. »
Chercher son verbe pour se trouver soi-même
Le verbe, ce n’est pas un but à atteindre. Ce n’est pas un objectif qu’on se donne. C’est quelque chose en soi qu’on déplie, un geste-au-monde, une manière de se positionner.
C’est l’empreinte qu’on laisse dans le monde.
Ce verbe, chaque personne le porte en elle. Il se déplie dans tout ce qu’on fait, pas uniquement dans notre vie professionnelle : dans nos loisirs, dans ce qui nous fait du bien, dans les paysages qui nous rassurent, partout où on se sent entier.
C’est donc une manière d’être entier, et une autre question qu’on pose à sa vie. Une autre clé dans laquelle lire la musique de sa vie.
Notre verbe, miroir de nos objectifs
On se demande toujours ce qu’on veut faire comme métier.
Se poser la question du verbe c’est se demander ce qu’on cherche à accomplir dans ce qu’on fait.
On peut exercer le même métier pour servir des verbes totalement différents. Et les métiers qu’on finit par exercer ne sont que des accidents dans lesquels on peut (ou pas) révéler son verbe.
Le verbe nous autorise à nous tromper, mais pas à tricher.
Il nous appelle dans notre authenticité, et nous permet d’intégrer la pluralité, les impasses, les chemins de traverse, les années « perdues ».
Trouve le verbe de ta vie, de Sarah Roubato
Éditions : Michel Lafon
Date de parution : 11 janvier 2024
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Crédit photo haut de page : Susannah Townsend/baseimage